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Brèves pour le métro ou autres lieux

1 août 2016

Voici des nouvelles brèves, à lire en quelques

Voici des nouvelles brèves, à lire en quelques
Voici des nouvelles brèves, à lire en quelques petites minutes ( ou moins...) pour chacune (d'où le titre). Merci de me laisser des petits messages d'encouragements. Et si jamais vous venez souvent par ici, vous pouvez simplement m'envoyer un petit sourire...
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16 novembre 2019

Photo

Le lendemain matin, David prit une photo d'elle. Elle dormait encore et il se demanda si elle serait fâchée par cette photo volée. Peut-être serait-il plus sage de ne rien lui dire ?

Il alla vers la fenêtre. Il voulait se familiariser avec son paysage à elle. Il ouvrit les rideaux. La mer, en bas, se jetait avec fracas contre les rochers. Au loin, un phare éclairait encore les bateaux dans ce petit matin naissant d'hiver. Il compta le temps entre deux éclairs. Dix-neuf secondes. Il vérifia s'il pouvait recompter avec le même rythme. Dix-neuf, et, à chaque fois, une lumière qui parcourait le corps nu de Florence.

Il décida alors d'effacer la photo.

14 octobre 2019

Pierre Masson

Valérie était assise sur un banc, face à la mer. Elle lisait. « Ma mère », le dernier Pierre Masson. Elle était absorbée par sa lecture et ne bougea pas lorsque quelqu’un vint s’asseoir à côté d’elle.

— Hum, hum…

Alors elle se retourna et vit un homme d’à peu près son âge, plutôt élégant, plutôt beau.

— Vous ne me reconnaissez pas ? dit-il.

— Non. On s’est déjà rencontrés ?

— Je ne pense pas.

— Alors, pourquoi je devrais vous reconnaître ?

Il sourit et montra du doigt le livre de Valérie. Elle ne comprit pas tout de suite.

— Qu’est-ce qu’il a mon livre ? Vous avez un rapport avec mon livre ? … non… ce n’est pas possible…

— Si, c’est moi, Pierre Masson.

— Non… je ne vous crois pas…

— Pourquoi ? Vous ne me reconnaissez pas, maintenant ?

— Non. Je n’ai dû vous voir qu’une seule fois à la télévision. C’était il y a longtemps. Et puis je ne suis pas très physionomiste.

— Eh bien, c’est moi !

— Quel hasard !

— Pas vraiment. Vous ne liriez pas mon livre, je ne vous aurais pas abordée. Vous en pensez quoi ?

— De quoi ?

— De mon livre.

— Vous voyez… j’étais complètement dedans quand vous êtes arrivé.

— Il est parfait alors ?

— Non… je ne dirais pas ça… ça me plaît beaucoup mais…

— Mais ?

— Mais rien.

— Si, si. Soyez honnête. Je ne rencontre que des gens qui cherchent à me flatter, rarement mes lecteurs. Alors, soyez honnête.

— Je trouve que votre livre manque parfois un peu de sincérité… il est un peu trop flamboyant… un peu trop écrit… C’est très très beau cette écriture… mais ça manque de sincérité… ce n’est pas une écriture qui va avec l’autobiographie…

— Flamboyant ?

— Lyrique plutôt… Je ne sais pas comment dire… Vous voyez, moi aussi j’ai une mère vieillissante, et je ne m’y retrouve pas. Il y a longtemps, j’ai lu « Des phrases courtes ma chérie », je ne me souviens plus de l’auteur. Pareil, un livre sur sa mère. Plus sobre et plus sincère.

— Une femme écrivain, Pierrette Fleutiaux.

— Oui, c’est ça. Il y a une autre femme que j’aime beaucoup, dans le genre autobiographique. Annie Ernaux. Elle aussi est très sincère.

— Que des livres de femmes.

— Oui… c’est peut-être un hasard… ou bien alors les femmes sont plus dans le vrai.

— Elles sont plus capables d’être sincère, vous croyez ?

— Oui… je crois… elles n’ont rien à prouver peut-être… juste montrer la réalité… c’est sûrement idiot ce que je dis.

— Mais non ! Je repenserai à notre petite conversation pour mon prochain livre. Mais j’aperçois mon épouse, je vais aller la rejoindre. Au revoir. Ce fut un plaisir.

— Pour moi aussi… au revoir…

 

Valérie espérait ne pas l’avoir vexé. Pendant longtemps, cette question la tracassa. Vraiment. Elle y pensa souvent. Elle se reprocha sa franchise. « On n’est pas obligé de dire tout ce qu’on pense … pourtant … il m’a demandé d’être honnête … je l’ai été … est-ce que j’ai eu tort ? »

Elle parla de cette rencontre à tout le monde. Evidemment, c’était une histoire tellement incroyable qu’il fallait bien la raconter. « Oui, un jour sur un banc … vous ne me croirez pas … ». Et puis après, elle repensait à ses remords.

 

Un an après, elle était dans la cuisine. Ses enfants étaient venus les voir. Ils regardaient la télévision avec leur père. Tout à coup, ils l’appelèrent :

— Viens voir ! Ton écrivain, Pierre Masson. Il va peut-être parler de toi.

Elle s’était essuyé les mains sur un torchon.

— Ne vous moquez pas.

Elle était arrivée devant l’écran. Et là, l’homme qui parlait n’était pas du tout celui du banc. Pourtant, en dessous de son visage, il y avait un bandeau où il était écrit : Pierre Masson. Pas de doute. Et l’autre alors ?

25 mai 2019

Deuxième vie conjugale

 

— C’est drôle… tu as l’air de nouveau amoureuse de Luc. On dirait que votre couple repart. Tu ne voulais pas le quitter il y a quelque temps ?

— Si.

— Alors ?

— Eh bien, je l’ai trompé. Pas pour lui faire du mal. Ni pour me venger. Je suis tombée amoureuse, tout bêtement. Enfin… c’est sûrement arrivé parce que je n’en pouvais plus de notre vie avec Luc.

— Et alors ?

— Ça n’a pas duré très longtemps avec cet homme. On savait tous les deux que c’était provisoire. Chacun nos vies. N’empêche… maintenant avec Luc...

Il y a un grand silence, pendant quelques secondes.

— Tu disais ?

— Rien, je ne sais plus ce que je voulais dire.

Mais il y a une lumière dans ses yeux.

 

 

18 mai 2019

Lumière

 Et après, tu t’es endormie.

Je t’ai regardée un petit moment. Il commençait à faire sombre avec juste une petite lumière extérieure qui entrait dans la chambre. Les dessins des rideaux ajourés se reflétaient sur ton corps. Cela faisait de jolis tracés sur ton ventre et tes seins.

Je suis alors parti en pensant que je reviendrai.

 

 

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22 février 2019

Belle

Elle est belle. Très belle même. Depuis que je la connais, j’ai toujours eu envie de la regarder. Et je ne m’en lasse pas. On pourrait croire que je suis amoureuse. Ce n’est pas ça. Je ne suis pas attirée par les femmes. C’est juste que je suis attirée par sa beauté. Ses traits, sa pureté, son sourire, sa peau laiteuse, ses fossettes. J’aime tout. Et quand Jean m’a dit qu’il était tombé amoureux d’elle, je n’ai même pas réussi à être jalouse, à souffrir, à être malheureuse. Je me suis juste dit que c’était évident.

10 janvier 2019

Premier jour (suite et fin)

(Le début de l'histoire est dans les trois billets précédents)

Le lendemain matin, je me suis réveillée avec cette image de petits bateaux qui descendaient la rivière. En parallèle, j'ai pensé à Amine. C'était notre histoire qui s'éloignait sur un embarcadère de carton. Je ne savais pas encore si je devais être triste ou soulagée.

En me levant, j'ai continué à y penser. J'ai réalisé alors que ce n'était pas réellement un vœu que j'avais écrit. C'était plus un rite de passage. L'année 2018 et un amour que je laissais derrière moi. C'était une fin et un commencement. Le premier jour où j'avais fait mon deuil de cette histoire.

 

A partir du lendemain, l'image des bateaux n'avait plus la même présence.

 

7 janvier 2019

Premier jour (avant dernier texte)

(Le début de l'histoire est dans les deux billets précédents)

On a discuté de son idée puis on est retournées au studio. On a d'abord cherché comment faire un bateau et on a trouvé trois barquettes en carton.

- Ca a du bon le faire le tri pour le recyclage !

- Ouai.

On s'est installées autour d'une table avec des papiers et des stylos de toutes les couleurs. Sophie a précisé.

- On doit faire un vœu concernant l'amour.

- Seulement ça ? C'est un peu limité...

- Non, pas du tout ! Il faut que ça ait un rapport avec notre discussion de tout à l'heure. On était toutes perdues dans nos pensées. C'est bien que ça nous préoccupe !

- Et on se lira nos vœux ?

- Non, t'inquiète, chacune pour soi. Pas de censure !

J'ai choisi un stylo mauve et j'ai écrit :

« Je souhaite vivre de très belles choses avec Pierre, que notre relation soit solide et dure un moment. Pour cela, je souhaite tourner la page avec Amine ».

 

Après avoir toutes écrit, on est sorties dehors. On s'est approchées de la rive de la Marne. Chacune notre tour, nous avons posé notre bateau sur l'eau. Nous les avons regardés s'eloigner doucement, en suivant le courant. Les voeux n'avaient plus vraiment d'importance. On est extasiées devant ces petits bateaux qui descendaient la rivière, vers la Seine, vers Paris, une nuit de Réveillon, dans la tranquilité et la douceur de ce petit coin de banlieue.

 (à suivre)

3 janvier 2019

Premier jour (suite)

(Le début de l'histoire est dans le billet précédent)

Trois cygnes sont alors passés

- Et si c'était trois princes charmants qu'une même sorcière aurait transformés … et pour rompre le charme ..

- Il faudrait que trois femmes, un soir de réveillon, les embrasse … mais seulement un soir de réveillon … ça tombe bien, on est les seules dehors !

- Les embrasser ??? Tu rigoles ! Impossible d'embrasser un cygne. Et puis, franchement, ça ne donne pas envie. Berk ! Non, ce qu'il faudrait, c'est juste une petite caresse. Ce n'est déjà pas facile. Et les plumes doivent être douces.

Je me suis mise à penser à Pierre, un homme que j'ai rencontré récemment. Ce ne sera pas mon prince charmant mais juste un homme avec qui j'ai envie de faire un bout de chemin. Un joli bout de chemin. Tout est réuni pour que cela fonctionne. Le seul problème c'est Amine. Il ne faut pas que je cherche à le revoir. Il faut que j'arrive à faire mon deuil de cette histoire là. Il faut que j'arrête de jouer à...

- Hé les filles ! On dirait que cette histoire de prince charmant nous emmène loin dans nos pensées... a dit Claire.

- Oui... a répondu Sophie. Et vous savez ce que j'étais en train d'imaginer ?

- Non, mais tu vas nous le dire.

- Les trois cygnes se transforment en trois hommes, beaux et charmants et … je vous le fais court … à la fin il s'avère que ce sont trois pervers narcissiques.

- Alors qu'ils restent des cygnes !

- De toute façon, vous savez que c'est méchant un cygne ?

- Vous savez quoi ? a dit Sophie en se levant. On va écrire des vœux, les mettre dans un petit bateau et les faire descendre la rivière. Ce sera toujours plus réaliste que de vouloir s'approcher d'un cygne. 

On a discuté de son idée puis on est retournées au studio.

 

(A suivre)

2 janvier 2019

Premier jour

 

Cette année, pas de réveillon compliqué. Je n'en avais pas envie. Je n'aime pas les fêtes obligatoires. Le passage à l'année suivante s'est fait avec mes deux cousines, Sophie et Claire, la petite cinquantaine, comme moi.

Après son divorce, Claire a repris des études et elle a déménagé dans un petit studio dans le bas d'une villa, au bord de la Marne. C'est là qu'elle nous a proposé de nous retrouver.

En arrivant, nous avons vu cette belle maison blanche, avec ses volumes élégants et sa grande véranda qui donne sur la rivière. Les propriétaires étaient absents et il n'y avait pas de lumière à l'intérieur. Juste le reflet des nuages dans les vitres. Claire nous attendait devant la maison et nous a accompagnées vers son studio.

- Désolée, a-t-elle dit, de chez moi la vue n'est pas terrible. Mais je ne paie pas l'ISF !

Tout en marchant puis en nous installant chez elle, nous avons alors parlé de ses propriétaires, de leur chalet à la montagne, de l'ISF, des gilets jaunes, des vœux du président.

 

Plus tard, j'ai proposé que l'on aille prendre le dessert dehors, sur les bords de Marne. Nous avons emporté nos assiettes, nos cuillères et nos parts de gâteau. Nous nous sommes assises sur un rebord.

- On n'est pas bien là ? a demandé Sophie. Pas besoin de véranda pour être heureux. L'argent, c'est vraiment un truc surfait !

Et nous avons ri.

Trois cygnes sont alors passés.

'(à suivre)

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