Premier rendez-vous
Après avoir échangé pendant deux semaines sur Internet, j’ai eu envie de voir Etienne « pour de vrai ». C’était la première fois que je faisais ce genre de rencontre. Nous nous sommes donné rendez-vous au métro Pyramide, à côté des guichets. Nous avions choisi de ne pas échanger de photos et une petite station allait nous permettre de nous retrouver plus facilement.
A mon arrivée, je n’ai aperçu personne qui lui correspondait. J’ai été patiente, j’ai attendu, j’ai regardé autour de moi. Il y avait une femme en tailleur et un homme de type oriental. Je l’ai observé. Je l’ai trouvé très séduisant et très élégant dans son manteau bleu.
J’ai fini pas me poser des questions. Et si c’était cet homme justement ? Je n’allais quand même pas lui dire : « C’est avec vous que j’ai rendez-vous ? ». Je me suis sentie ridicule. Quand j’ai vu qu’il me regardait, j’ai pris mon courage à deux mains.
— Vous n’êtes pas Etienne ?
Il a souri. Je ne savais pas ce que cachait son sourire.
— Pourquoi ? m’a-t-il demandé.
— Parce que … je dois rencontrer Etienne.
— Et vous ne connaissez pas celui que vous devez rencontrer ?
J’ai rougi, j’ai bafouillé.
— Excusez-moi … c’est que …
— Ah … les rencontres Internet …
— Oui, oui, excusez-moi encore.
— Je vous taquine. Je ne suis pas gentil. Je sais bien que c’est Internet. Et pourquoi ce ne serait pas moi avec qui vous avez rendez-vous ? Parce que je n’ai pas une tête à m’appeler comme ça ?
Je me sentais ridicule.
— Ce n’est pas ça, mais …
— Je vous taquine encore, mais promis, c’est la dernière fois. Je m’appelle Abdel. Mais sur Internet, j’ai préféré changer mon nom.
— Oui, bien sûr… l’anonymat…
— Et vous, c’est votre vrai nom ?
— Christelle ? Oui, c’est mon vrai nom.
Je me suis sentie mieux, d’un coup. Il y avait nos deux sourires et nos deux corps détendus, l’un à côté de l’autre.
Nous sommes sortis du métro pour aller boire un verre. Je marchais à côté de cet homme, nous parlions, j’étais légère, je me sentais bien.
C’est en discutant encore, au café, que je me suis rendue compte qu’il n’était pas du tout celui avec qui j’échangeais sur Internet.