Deux ans après
Joséphine repensait de temps en temps à l'accident.
Un matin, c'était deux ans après, elle prenait son petit déjeuner. Elle imagina rencontrer son chauffard dans la rue. Elle se formula le dialogue qu'ils auraient pu avoir. Et puis, tout d'un coup, la violence de l'accident la submergea, quelques secondes, trois ou quatre, pas plus. Elle se rappela alors qu'elle avait eu de la chance, qu'elle aurait pu y rester. Tout en y pensant, elle vit les choses sur la table : la brique de lait dans les tons bleus, le paquet de beurre bien entamé, le pot de café en poudre de la marque Monoprix, la grosse bouteille de Volvic laissée sur la table par son fils. Tout cela prit une grande importance. Dans leur banalité, ces cartons et plastiques représentaient la vie.